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Ace News
2 mars 2015

A quoi sert le salon de l'agriculture ?

Mais à quoi sert exactement ce salon de l’agriculture au fait? À nourrir une foule de personnes se foutant royalement de ce qu’ils mangent tant que c’est gratuit? À permettre à des personnalités politiques de se montrer au milieu de la populace dans l’espoir de convaincre quelques électeurs de choisir le bon bulletin? Sûrement pas pour élever le débat au sujet des agriculteurs et de leur métier… Près d’un suicide tous les deux jours, officiellement. La principale cause de décès dans la profession? Le cancer, trop de pesticides… Mais le pire, c’est avant tout les métiers mis en danger par des décisions politiques débiles, des normes dangereuses pour leurs finances, un traité transatlantique qui va mettre l’ensemble de ces métiers dans les mains de financiers qui se foutent royalement de la qualité de l’aliment, tant qu’il se vend, quitte à ce qu’il soit au niveau d’un burger Mac do’… Un coup de coude. Un clin d’oeil. Un bras tiré énergiquement. Un discret « psssst ». Et quelques messes basses. A chacun son astuce pour prévenir le reste de la famille d’une dégustation imminente. Les yeux rivés sur la « bouffe », ils avancent machinalement. Scindent la foule jusqu’à l’objectif ultime. Là, s’organise une remarquable chaîne humaine. Le plus petit, souvent envoyé au front, se charge de faire passer les provisions aux autres. Un, deux, trois, puis dix cure-dents circulent de mains en mains. Pas le temps de déguster, le stand voisin appelle. Déguster, un bien grand mot. Des petits producteurs authentiques à McDo, aucune distinction n’est faite. Au grand dam des amoureux du terroir. Jamais René, animateur sur le stand de l’Aveyron, n’a autant de succès que quand il prononce « le » mot. En effet, « dégustation » suffit à remplir les bancs du stand. Oui parce qu’ici, pour déguster, il faut s’asseoir. Pas question de déguster sans savoir ce qu’il y a dans l’assiette. Les ambassadeurs aveyronnais ne perdent pas le nord : la dégustation doit d’abord servir la communication et le savoir-faire de ces produits d’exception. « On n’est pas là pour vous nourrir messieurs dames, mais pour vous faire déguster », répète sans relâche René. En vain. Peu importe le produit, l’important reste encore de remplir l’estomac. « Les gens s’en tapent, constate amer Bruno Rascalou, aux fourneaux toute la semaine. Sur 50 personnes, 3 savent ce qu’elles goûtent et s’en souviendront. Ils viennent bouffer, c’est tout. » Et le formateur de la Chambre des métiers aveyronnaise de voir les gens piquer directement sur son plan de travail. « Figurez-vous qu’hier, certains sont venus prendre des brochettes crues sur mon plateau. Imaginez le niveau ! Et puis il y a ceux qui me félicitent pour ce « merveilleux boeuf », alors que René répète depuis deux heures que c’est la journée de l’agneau… » Sur le stand, tous se souviennent de cette dame, venue mardi… avec son Tupperware. Et celui qui s’est emporté pour n’avoir pu goûter le vin blanc qui accompagnait le Bleu des causses, en rupture. « Si vous faites les choses, faites les bien et non pas à moitié », a-t-il alors lâché en tournant les talons.

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