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Ace News
8 février 2016

Pour une primaire à gauche

S'il est probable que le chef de l'Etat et le PS s'assoiront sur les statuts du parti qui prévoient une primaire pour 2017 pour ne pas affaiblir le président sortant, sauter cette case provoquera une possible multiplication des candidatures à gauche Un assassinat politique se prépare, rue de Solférino, dans une parfaite indifférence. La belle idée de «primaires citoyennes» pour désigner le candidat socialiste à l’élection présidentielle, issue des cogitations fertiles de Terra Nova, s’apprête à être enterrée. Jean-Christophe Cambadélis vient de l’avouer comme si c’était une évidence. En mai dernier, l’organisation d’une primaire à gauche demeurait «une possibilité» pour le premier secrétaire du PS. Celui-ci en parle désormais significativement au passé. Cambadélis concède que la primaire aurait pu «offrir une solution de sortie à certains candidats de gauche et écologistes». Il n’en voit plus aujourd’hui l’intérêt dés lors que ceux-ci sont dans une «logique d’affirmation» et qu’une primaire «entre socialistes» ajouterait à la «fragmentation» politique tant redoutée. Curieuse argumentation: la primaire de 2011 s’était déjà jouée entre membres du PS si l’on fait abstraction de la candidature-caution du radical de gauche Jean-Michel Baylet (0,64% des voix). Les médias unanimes avaient alors salué le succès de cet exercice démocratique auquel participèrent près de trois millions d’électeurs. Vérité en 2011, erreur en 2016? On répondra que l’existence d’un président sortant issu du PS, dont tout laisse penser qu’il prépare son hypothétique réélection, change radicalement la donne. A ce détail près que les statuts du PS n’ont prévu aucune dérogation de ce type à la règle de la primaire. L’article 5.3.1 l’énonce très clairement: «Le candidat à la présidence de la République est désigné au travers de Primaires citoyennes ouvertes à l’ensemble des citoyens adhérant aux valeurs de la République et de la gauche et organisées par les formations politiques de gauche qui souhaitent y participer». Un politologue imaginatif avance l’hypothèse qu’un socialiste revanchard –Arnaud Montebourg, par exemple– somme en justice le PS de respecter ses statuts. Si les magistrats se montraient aussi sévères à l’endroit du parti au pouvoir qu’ils l’ont été avec un Front national aux prises avec des contestations statutaires, l’affaire se corserait effectivement. Ce scénario reste néanmoins bien peu probable. Pour autant, les socialistes se trouvent aujourd’hui pris au piège doublement par le système de primaire qu’ils ont importé dans la vie politique française. Qu’ils s’y soumettent à nouveau ou qu’ils s’en dispensent, ils ont le choix entre deux mauvaises solutions. Imaginons que le président sortant soit populaire et que la gauche se retrouve pleinement dans ses faits et gestes. La primaire pourrait être un sacre démocratique et un précieux tremplin pour le candidat à sa propre succession. Ce n’est pas exactement le cas de figure actuel. Très impopulaire, violemment rejeté par une large fraction de l’électorat de gauche, contesté dans les rangs mêmes de PS, François Hollande aurait beaucoup à perdre au jeu de la primaire. Un sondage cruel, publié en avril, ne lui accordait que 16% des suffrages potentiels et une piteuse troisième place derrière Manuel Valls et Martine Aubry. Le chef de l’Etat a, semble-t-il, depuis un peu remonté la pente. Mais le mécontentement suscité par sa politique l’exposerait à une dangereuse contestation, même dans le cadre d’une primaire limitée aux rangs socialistes. Il est hautement probable que l’Elysée sautera la case primaire. Ce choix légitimera les candidatures de gauche alternatives. Le vice-président du groupe Habitat rêve toujours d’un destin présidentiel. En s’affichant récemment avec Yanis Varoufakis, Arnaud Montebourg montre qu’il reste aux aguets. La gauche du parti bouillonne. Marie-Noëlle Lienemann, qui estime que Hollande «disqualifie la gauche et la politique», serait prête à croiser le fer avec lui.

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